VALANTIN
: cruelle tendresse |
Télé Loisirs du 16 Mai 1981 |
" L'inspiration, c'est
simple. Je me laisse aller " dit Marc Valantin à propos des dessins
qu'il présente à la librairie Tropique, chez Philippe Ribeyre.
" Je me laisse aller
" Le propos surprend, si l'on se réfère
à la qualité du trait et du motif. En fait, Marc Valantin applique
au dessin le principe de l'écriture automatique : la main donne visage
et forme à tout ce qui traverse l'imagination, l'uvre, donc, apparaît
comme un miroir intime. C'est une porte ouverte sur l'imaginaire, sans serrure
ni autre interdit.
Entrons. Deux choses frappent au premier abord : l'exubérance du dessin
- qui foisonne de trouvailles - et son écriture patiente, délicate,
comme un rêve, tout de nuances, qui aurait pris le temps de s'épanouir.
Deux langages, aussi, derrière la beauté, la grâce du trait,
le dérisoire, le ridicule ou le tragique de l'image. Car il faut aller
plus loin que l'anecdote, plus loin que l'apparence apparemment tranquille.
Alors, au-delà du mouvement des lignes et du jeu des formes, on touche
du doigt, du cur, le regard de l'artiste et sa densité. Un regard
à cheval entre le rêve et le cauchemar, et qui n'en finit pas d'aller
de l'un à l'autre. Un regard critique jusqu'à être cruel,
où l'humour le dispute à la colère, la dérision.
Ca tient tour à tour, sinon tout à la fois, d'un défilé
de carnaval, où les grosses têtes finissent par n'en faire plus
qu'une, d'un inventaire à la Prévert, où l'insolite et
le banal côtoient le douloureux, d'un jardin des délices et d'un
radeau de la Méduse. La tendresse cohabite avec la cruauté, parfois
même l'horreur. Puzzle éclaté, écartelé. Miroir
blessé, miroir à feu et à sang, qui, désespérément,
tente de rassembler les morceaux épars : miettes de sourire, d'émoi
et de colère. Comme une accusation, comme une confession.
Un regard, c'est plus lourd, c'est plus loin qu'on ne croit.
J.T
Graphisme et surréalisme | Le Progrès, 1980 |
D'une plume légère,
dansante, follement habile à dessiner les courbes d'un corps, les ondes
des chevelures, les méandres des drapés, aussi bien que les marches
des escaliers qu'il fait grimper un peu partout, Marc Valantin a élaboré
des compostions luxuriantes, l'apparentant bien sûr au surréalisme,
mais à un surréalisme aux multiples connotations et d'un humour
très actuel.
(
)
Un certain érotisme et un goût évident pour un humour volontiers
macabre font un mélange explosif qui laisse bien augurer pour la suite
si Marc Valantin garde ce raffinement dans l'expression et dans les références
qui font le plaisir de cette exposition.
Colette Canty.
© French-bar, Paris |